Les Pas de Rosalie – Étape 1
Introduction
Nous voici au début de notre pèlerinage virtuel sur les pas de Rosalie, au centre-ville de Montréal, où elle a vécu, travaillé et accueilli les mères célibataires du temps.
Vue du boulevard René-Lévesque, vers l’est.
Avant de commencer à parcourir les rues de la métropole, situons-nous dans le temps et dans l’espace.
Rosalie Cadron est née le 27 janvier 1794 à Lavaltrie, sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent.
Elle est la première enfant de Rosalie Roy et d’Antoine Cadron. Elle a eu un petit frère qui est décédé en bas âge et, ensuite, une petite sœur du nom de Sophie, née douze ans après sa naissance. Ses parents sont des cultivateurs modestes, mais ne manquant de rien. Sa mère est sage-femme, ce qui a sensibilisé Rosalie aux grossesses et aux accouchements.
Rosalie est élevée dans les valeurs de son temps. Elle ne sait ni lire ni écrire, comme 75 % des personnes de l’époque. Elle apprendra à lire plus tard, dans les ouvrages pieux qu’elle fréquentera
Rosalie est très attachée à sa famille et elle fait la joie de ses parents. Elle est élevée dans un milieu familial où on y retrouve un esprit de famille imprégné d’amour bienveillant, de simplicité, d’accueil respectueux et d’hospitalité envers les personnes pauvres et malades.
Dès son enfance, elle a une attitude naturelle de piété, d’obéissance, d’amour pour le travail et de charité envers son prochain.
Rosalie se marie à 17 ans, à Lavaltrie, avec Jean-Marie Jetté, âgé de 33 ans et ils demeurent avec les parents de Rosalie. Ils auront 11 enfants dont six nés à Lavaltrie. Les cinq autres décèderont en bas âge. Rosalie et Jean Marie élèvent leurs enfants dans des valeurs chrétiennes.
Pour eux, la responsabilité parentale va plus loin que de donner la vie, il faut aussi la faire grandir dans l’amour. Ils habituent leurs enfants à des réflexes d’accueil, d’amour pour Dieu et de compassion envers les plus démunis et les marginaux.
Alors qu’elle est à Lavaltrie, un premier événement inaugure la mission future de Rosalie : une famille de Lavaltrie, dont la fille est enceinte, est vivement déshonorée. Les parents demandent à Mme Cadron, sage-femme, de tuer l’enfant et de le brûler.
Ce sont des jumelles qui voient le jour. Mme Cadron donne tous les soins à la jeune maman, et sauve la vie de ses petites. Elle les amène chez sa fille Rosalie enceinte de sept mois de son cinquième enfant. Peinés Rosalie et Jean-Marie ne peuvent garder les jumelles. Ils les font baptiser et elles sont amenées à la Crèche des Soeurs Grises de Montréal.
Plus tard, en vue de bien établir les fils aînés sur de bonnes terres, les Jetté déménagent sur la rive sud. Rosalie a alors 28 ans. Elle laisse derrière elle, la maison familiale, une terre, un passé de paix, et un bien-être pour le bien de sa famille. Ils demeurent deux ans à Verchères, puis tentent d’acheter une terre à la Présentation de Saint-Hyacinthe, en Montérégie.
C’est un désastre. Le vendeur de la ferme est un escroc. Des tractations illégales leur font perdre tous leurs biens, ils sont ruinés. Jean-Marie vit difficilement cette épreuve, il ne dort plus. Son moral tombe. Que faire? Où aller? Et l’avenir de leurs enfants? Rosalie le soutient et l’encourage en lui disant que Dieu ne les abandonnera pas, qu’Il prendra soin d’eux. Malgré ces injustices épouvantables, Rosalie pardonne d’une façon héroïque.
Elle refuse de se venger. « Il vaut mieux pardonner à cet homme que déshonorer ses enfants ».
C’est alors qu’ils déménagent à Montréal, où habite déjà le frère de Jean-Marie et ils travailleront avec acharnement pour relever le sort de leur famille. Ils ont alors 7 enfants âgés de 2 à 15 ans. Rosalie a 33 ans à son arrivée à Montréal. C’est cette même année qu’elle rencontre Mgr. Bourget pour la première fois. Malheureusement, d’autres épreuves l’attendent.
Les Jeté perdront les cinq enfants nés après leur départ de Lavaltrie. La pauvreté ne leur laisse pas de répit. Jean-Marie meurt en 1832 du choléra, emporté en 24 heures.
Rosalie se retrouve veuve à l’âge de 38 ans. Elle reste seule avec la responsabilité de ses enfants, dont un bébé de 1 mois, Edwige, qui décédera à l’âge de 4 ans. Les plus âgés travaillent et contribuent au maintien de la famille. Elle prend soin de sa mère malade qui habite avec eux. La plupart des gens auraient vécu le désespoir, mais Rosalie puise sa force dans la prière, la méditation. Elle accueille en elle la grâce de Dieu pour traverser ces épreuves.
Sa mère meurt 7 ans après Jean-Marie. Mgr Bourget l’accompagne dans ces moments éprouvants.
Rosalie dévoue son temps à toutes les personnes de son entourage qui ont besoin de son aide. Les enfants vieillissent et se marient. Rosalie a maintenant plus de temps pour s’engager dans des œuvres de charité. Les services que Mgr Bourget lui demande sont de plus en plus orientés à aider les mères célibataires.
Elle commence ainsi à accueillir chez elle des filles célibataires enceintes. Voilà l’audace à l’œuvre! Ces mères, rejetées par la société, ne savent que faire. Elles commettent souvent l’irréparable, tentent d’avorter clandestinement, donc très dangereusement, attentent à leurs jours, ou tuent leur bébé à la naissance… Ces situations déchirantes taraudent Rosalie.
Pendant 5 années de grand travail, Mgr Bourget lui confie 25 filles enceintes. Rosalie réussit à placer ces enfants ou ces mères dans de bonnes familles. Souvent ce sont ses propres enfants qui prennent soins des mères et des bébés et vont même jusqu’à en adopter. Mgr Bourget reconnaît chez Rosalie un charisme de miséricorde et de compassion hors du commun.
Au printemps 1845, Mgr Bourget appelle Rosalie à l’évêché et lui expose son projet de communauté religieuse. Cette demande la bouleverse. Cela allait pour l’assistance aux mères célibataires, qu’elle appelait « ses chères enfants », mais de là à fonder une communauté religieuse. Elle se demande comment elle pourrait former des aspirantes à la vie religieuse. Rosalie prend un temps de discernement et de prière pour voir si c’est la volonté que Dieu a pour elle.
Elle accepte finalement d’entreprendre cette mission de miséricorde audacieuse. C’est le début d’une aventure qui dure encore de nos jours. Mgr Bourget lui demande alors de trouver une place secrète pour les accouchements. Et pour ce qui a trait à la communauté religieuse, il lui dit : « Dieu le veut ma fille! ».
Elle trouva donc un logement pour les filles enceintes.
Le pèlerinage commence à la porte sud du Complexe Desjardins, au centre-ville de Montréal, lieu de rassemblement des participants au pèlerinage. C’est ici que l’animatrice de l’activité fait un bref rappel des grandes lignes de la vie de Rosalie, comme vous pouvez le lire ci-haut.