Les Pas de Rosalie – Étape 3
Première partie : l’ancienne église Saint-Jacques
Continuons le pèlerinage sur les « Pas de Rosalie » en entamant la troisième étape du trajet dans les rues de Montréal. De la rue Jeanne-Mance (voir Étape 2), rendons-nous sur la rue Saint-Denis, un peu au nord de la rue Sainte-Catherine, où se trouve la façade de l’ancienne église Saint-Jacques, maintenant intégrée aux murs de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Ce que nous voyons correspond à la façade de la deuxième église Saint-Jacques, le grand incendie de Montréal de 1852 ayant réduit en cendres la première, celle fréquentée par Rosalie.
Nous nous retrouvons ainsi sur les lieux de la grande piété de Rosalie, où elle passait ses dimanches et où elle puisait foi, espérance et amour pour continuer une vie d’aide et d’accueil envers la misère humaine.
De nos jours, lorsque nous passons les portes d’entrée, nous retrouvons ces magnifiques vitraux qui ont été laissés en place et qui embellissent l’espace en y laissant une note d’histoire.
L’endroit lui-même demeure rempli de signification pour ceux qui s’intéressent aux endroits parcourus et habités par Rosalie durant sa vie montréalaise.
L’église Saint-Jacques a été construite entre 1823 et 1825. Mgr Ignace Bourget y agit comme vicaire durant quelques années et c’est ainsi qu’il a rencontré Rosalie et qu’il en est devenu son directeur spirituel.
Rappelons-nous que c’est en 1827 que Rosalie était arrivée à Montréal avec son mari Jean-Marie et ses enfants, après avoir subi des revers de fortune difficiles. L’église toute neuve, située non loin de son logis, offrait à Rosalie un refuge bienvenu et un réconfort priant.
Au fil des années, les obligations familiales diminuant un peu, Rosalie a pu contenter sa foi vive en fréquentant assidûment l’église Saint-Jacques. Celui qui allait devenir l’évêque de Montréal (de 1840 à 1876), Mgr Bourget, apprit ainsi à bien la connaître, ce qui allait le conduire à demander à Rosalie de fonder une communauté pour venir en aide aux mères célibataires.
Sa relation intime et profonde avec Dieu est particulière. Pour elle, Dieu est miséricorde. Elle se sait habitée par sa Présence aimante et s’abandonne à lui en toute confiance, elle ne se sent jamais seule. Dieu la guide et l’accompagne dans ce qu’elle a à vivre. Son désir de faire sa volonté en toute chose fait partie de sa manière de vivre sa vie. Sa foi est abondamment nourrie de la Parole de Dieu, de la prière et des sacrements.
C’est à cette église, non loin de chez elle, que Rosalie ira puiser la force et le courage de traverser toutes les épreuves vécues depuis son arrivée à Montréal : l’extrême pauvreté, le décès de Jean-Marie, de ses enfants et de sa mère.
Elle se levait de grand matin pour prier, puis elle partait pour l’église. Elle n’en revenait que lorsque toutes les messes étaient dites. Elle se mettait ensuite au travail. À 3 heures, elle retournait à l’église, et n’en revenait qu’à 7 heures. On la voyait des heures entières à genoux devant l’autel de la Sainte Vierge, immobile comme une statue.
Deuxième partie : le palais épiscopal brûle
Pour poursuivre le pèlerinage, il n’est pas nécessaire d’aller bien loin : il suffit de tourner le coin de la rue Saint-Denis et d’emprunter la rue Sainte-Catherine vers l’est. On se trouvera ainsi devant une façade de l’ancienne église Saint-Jacques maintenant intégrée à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). La première partie de l’étape 3, nous montrait une autre façade pareillement intégrée.
Cet emplacement n’a pas toujours accueilli l’église Saint-Jacques! À l’époque de Rosalie, on voyait là le tout nouveau palais épiscopal de Mgr Bourget, l’évêque de Montréal. C’est à cet endroit que Rosalie a dit son oui inconditionnel à Mgr Bourget pour la mission ardue qu’il lui confiait.
Avec courage et force, elle osera ce chemin rempli d’inconnus, chemin qui l’amènera à vivre des souffrances, mais aussi de grandes joies et un sens à sa vie qui la transformera dans tout son être et son agir.
Construit en 1851, ce bâtiment devait servir de demeure à l’évêque en plus d’abriter ses bureaux et ceux du personnel diocésain. Malheureusement, un événement marquant allait contrecarrer les plans de Mgr Bourget : le Grand Incendie de Montréal du 9 juillet 1852!
Une étincelle provenant d’un petit poêle situé dans une maison en bois est à l’origine de cet énorme incendie qui a détruit plus de mille cents maisons en plus de pousser dix mille personnes à la rue. Les pompiers travaillent d’arrache-pied, mais comble de malheur, le réservoir d’eau municipal est vide! Des travaux de nettoyage et de rajouts de tuyaux sont en cours.
On doit donc se rendre au fleuve Saint-Laurent pour y puiser l’eau, ce qui ralentit beaucoup le travail des pompiers. De plus, l’incendie se répand à grande vitesse, aidé par un vent fort. Cette catastrophe a rasé des quartiers entiers de Montréal. La première église Saint-Jacques, de même que le palais épiscopal de l’évêque, n’y ont pas échappé.
En 1852, Rosalie vivait en communauté, au coin des rues Lagauchetière et Campeau. L’incendie s’est rendu jusqu’à proximité du couvent, causant une grande frayeur aux religieuses qui avaient commencé à enterrer dans le jardin les objets précieux de la chapelle. Heureusement, l’incendie a épuisé sa course juste à cet endroit.